Fabophile - JJ von Panure
Un fabophile est collectionneur de fèves des rois. Objet populaire à l’histoire ancienne, la fève interroge la valeur des choses. Depuis l’Antiquité, elle est un symbole d’inversion de l’ordre dans les rituels carnavalesques. Elle est au cœur des pouvoirs païens puis religieux. Dès l’ère industrielle, on fabrique la fève en céramique telle qu’on la connait actuellement. L’objet rituel est devenu un produit.
Depuis 2017, le duo JJ von Panure a fait de la fève un projet artistique en constante évolution. Il crée ainsi les «fève-sculptures», formant sa propre collection. Pour la première fois, le duo expose un grand ensemble de cette production.
Travail initié à l’occasion du Mondial des collectionneurs de fève des rois, les fèves-sculptures sont signées, titrées, référencées dans un catalogue sans cesse enrichi et forment à ce jour une collection de 1500 pièces. Chacune d’elles est en faïence, modelée et peinte à la main par le duo. Avec beaucoup de liberté, les fabophiles associent des fèves que parfois l’époque, les styles, les thèmes, séparent. Les collections particulières révèlent souvent cet esprit, que le duo propose ici au regard du visiteur.
JJ von Panure est composé de Leïla Fromaget & Anastasia Gaspard. Elles vivent en région parisienne et travaillent à la Villa Belleville en tant qu’artiste membre du collectif Curry Vavart.
www.panure.fr
instagram : @jjvonpanure
Bau - Exposition Collective avec André Almeida e Sousa, Luis Almeida, Constança Arouca, Francisca Carvalho, Run Jiang, Sandrine Llouquet, Pedro Proença / Pierre Delalande
« Bau » marque la seconde étape d'un échange initié cette année entre O Gabinete de Madame Thao à Lisbonne et metaxu à Toulon ; échange qui souligne les liens par-delà les frontières, non linéaires, qui se tissent entre les artistes en dehors des réseaux institutionnels et encourage de nouvelles formes de croissance et de création.
Un mois après l’exposition « Vecteur bleu » au Gabinete de Madame Thao, sept artistes lisboètes présentent au metaxu « Bau », une exposition collective inspirée de l’œuvre inachevée de Franz Kakfa « Le Terrier » (Der Bau).
Dans «Le terrier» de Kafka, le protagoniste est perpétuellement en train d’élaborer, de concevoir et de redessiner ses quartiers souterrains, poussé par un sentiment d’insatisfaction et d’anxiété à l’égard de son espace de vie actuel.
Les actions du personnage de cette œuvre, souvent considérée comme une allégorie de l’écriture, s ́apparentent largement aux pratiques artistiques individuelles et nous invitent à appréhender les pièces ici présentées sous un nouvel angle.
Entre les murs de l’espace toulonnais, nous sommes invités à suivre le rythme et la trajectoire que composent les réalisations d' André Almeida e Sousa, Francisca Carvalho, Sandrine Llouquet, Constança Arouca, Luis Almeida, Run Jiang, Pedro Proença aka Pierre Delalande et le fondateur de metaxu Benoit Bottex, comme un chemin tracé à la main sur une carte invisible.
A l ́instar du rhizome, ce chemin – ce tunnel - n’a ni début ni fin ; c’est un réseau en constante expansion, avec des possibilités de croissance et de connexions infinies.
Vecteur Bleu - Pauline Leonet, Simon de la Porte, Zagros Mehrkian, Marcelo Valente, Benoit Bottex et Virginie Sanna
Exposition Collective à la Galerie O Gabinete de Madam Thao à Lisbonne au Portugal
Le metaxu est parti en mai 2023 à Lisbonne rencontré la galerie O Gabinete de Madame Thao ! Une rencontre qui prend la forme de deux expositions : une première à Lisbonne dès le jeudi 11 mai avec les artistes du metaxu et une seconde à Toulon, dès le 29 juin avec les artistes de la galerie O Gabinete de Madame Thao.
"Vecteur bleu", une exposition collective rassemblant les œuvres de Pauline Leonet, Simon De la Porte, Zagros Mehrkian, Virginie Sanna, Marcelo Valente et Benoit Bottex.
Vecteur bleu est la première étape d’une collaboration entre deux espaces d’art contemporain situés à Lisbonne et Toulon. L’artist-run space toulonnais metaxu et la galerie d’art lisboète O Gabinete de madame Thao tracent ensemble le lien abstrait qui se dessine d’un port à l’autre. Depuis le sud de la France, six artistes prennent la direction de la capitale portugaise pour amorcer l’échange et créer une installation collective.
O Gabinete de madame Thao est un espace hybride dédié à l'art et au papier situé dans l’ancienne fabrique de tissus LX Factory à Lisbonne. Cette galerie d'art contemporain dispose à la fois d’un atelier d’art et d’une boutique de papiers artisanaux asiatiques et de livres d’art en anglais, portugais et français.
CLICKBAIT - Charles-Arthur Feuvrier
Une exposition de Charles-Arthur Feuvrier
Accompagnée d’un texte de Alexia Abed
Conception graphique par Côme Guérif
Parasitée par un réseau de tentacules géantes, la galerie Metaxu est singée en tanière 2.0 à l’occasion de l’exposition personnelle de Charles-Arthur Feuvrier. Son installation organique et monochrome se déploie telles les structures en rhizome de la flore et des logiciels, prend le contrôle de tout l’espace, se propage dans les moindres recoins. En suivant les ramifications et les cordons en scotch, læ visiteur·se se fraye un chemin vers une sculpture biscornue et orpheline, terrée dans une salle à l’abri des regards.
En son centre, un écran captif cerné d’une signalisation tapageuse provoque nos regards
pour incarner littéralement les CLICKBAIT « piège à clics ». Il diffuse, en boucle, des images photoshopées grotesques et sous stéroïdes spécifiques aux vignettes Youtube. La vidéo compile une sélection de cryptides – ces animaux dont on suppose l’existence, sans en posséder la moindre preuve – renversant du même coup les rôles de traqueur / traqué.
Si la volonté de l’artiste est de « révéler notre perte de discernement à l’ère de la post-vérité, du conspirationnisme et des pseudo-sciences », CLICKBAIT en est-elle pour autant une ode aux réseaux et au sensationnalisme ? L’exposition est plutôt un endroit éphémère où se travaillent les déformations des croyances, des mythes et de la vision, où subsistent des créatures et
des discours en panne avec le réel. CLICKBAIT devient un examen critique loufoque de la consommation des objets culturels, certes, mais aussi une ouverture aux fantaisies possibles qu’annoncent les légendes d’aujourd’hui déguisées en avenir.
Alexia Abed
Mancie Manie - Noémie Monier
Mancie Manie est une exposition composée d’objets sculpturaux et d’installations présentés au sein d’un dispositif scénographique, sonore et lumineux :
c’est un parcours à la lisière de la psyché. Invitant à explorer les rouages de la divination, l’exposition interroge notre quête de sens originelle quand le rationalisme, la psychologie, les religions ont élaboré de nombreux outils pour appréhender le réel. À une époque marquée par un mouvement de réappropriation du sacré, les formes industrielles d’un décorum bon marché côtoient des archétypes immuables. L’exposition s’appuie sur la rencontre entre des récits archaïques et un vocabulaire plastique contemporain. L’ensemble est basé sur un dialogue entre figures mythologiques, principes de la pensée jungienne, iconographie du Tarot et structure astrologique. Le titre* évoque cette tentative perpétuelle de circonscrire ce qui est au-delà du langage, du visible, du tangible, pour répondre au désir de conjurer notre condition.
* « Mancie » est le suffixe d’origine grecque signifiant «divination». On peut y accoler un élément désignant le support qui est interprété (cartomancie : divination par les cartes, chiromancie : divination par les lignes de la main, etc.).
* « Manie » est un terme psychologique caractérisant un état d’exaltation excessive. L’usage courant désigne un comportement obsessionnel, une idée fixe. C’est aussi la forme conjuguée du verbe manier, qui évoque les mains et la manipulation d’objets.
La pratique plastique de Noémie Monier est régie par une intuition méthodique. Dans une acception multiforme, l’imagerie, le nombre et le matériau obéissent à une logique obscure et intime. Chaque œuvre qui en découle délivre la facette palpable d’un monde souterrain, activé par un processus de symbolisation. Cette velléité de saisir les choses mystérieuses et cachées, de leur donner corps, rapproche ce travail artistique de la magie. « La magie a souvent été pensée comme l’art de faire devenir vrais les rêves : l’art de réaliser les visions. Mais avant de rendre réelle une vision, nous devons la voir. Nous devons avoir de nouvelles images à l’esprit, nous aventurer dans un paysage transformé, raconter de nouvelles histoires » écrit la sorcière écoféministe Starhawk dans Rêver l’obscur - Femmes, magie et politique (1982). Magique est ce qui est déjà là tout en demeurant invisible à l’œil qui ne sait pas voir. Chose trouvée est donc chose re-trouvée. De manière symptomatique, le titre de l’exposition, Mancie Manie, est le résultat d’une cryptomnésie, processus psychique créateur qui fait réapparaître de façon précise un souvenir comme un élément nouveau. De même que le titre est un titre re-créé, les pièces de l’exposition ne seraient que des réminiscences, des archétypes, selon la pensée d’une généalogie passée, future et peut-être même collective, contenue dans l’esprit individuel. Ne serait-ce pas le véritable sens de la « re-présentation » ? La fiction précède le réel et permet de le comprendre, non l’inverse. On voit parce qu’on a d’abord rêvé.
« Mancie » (divination) et « manie » (obsession) ne sont pas seulement liés dans ce titre par un rapprochement de sonorités (paronomase). Les deux termes trouvent une origine commune dans le verbe maìnomai, « être fou ». Un état hors-norme révèle une vérité enfouie dans le premier cas et marque un trouble maladif dans le second. En somme, la man(c)ie est une manière de voir ce qui n’est pas visible au niveau de la psyché, du corps, ou de la petite histoire. Pour l’un et l’autre de ces états, l’inconscient constitue un territoire partagé, où la dichotomie de la croyance et du réel, de l’ésotérisme et de la science, s’annihile. Bien qu’ils n’en partagent pas l’étymologie, la « mancie » et la « manie » appellent inévitablement la main, instiguant le corps comme véhicule des vérités. La pensée touche, le corps pense. Ce corps-aqueduc, terminé par la main, « organe du possible » (Paul Valéry, Discours aux chirurgiens), transporte une pensée non-embarrassée d’exactitude qui finit par s’agencer dans un alphabet inconnu. Plutôt que d’articuler, comme le fait la psychanalyse traditionnelle, l’irrationnel en langage rationnel, la psychomagie propose de dire le surnaturel dans un vocabulaire qui lui est propre. Alexandro Jodorowsky la définit comme une psychanalyse païenne où chaque personne opère sa propre guérison en reconstituant artistiquement une histoire enfouie dans sa mémoire ou celle de ses prédécesseur·se·s. La création artistique est dès lors entendue comme un dispensaire de symboles permettant de renouer avec son identité profonde.
Elora Weill-Engerer
Point Aveugle - Youri Cayron et Romain Rivalan

Le point aveugle est une petite zone de l’œil dépourvue de photorécepteur et qui est ainsi complètement aveugle. Nous possédons tous un point aveugle - ou plutôt deux points aveugles – fruit de l’évolution et de la complexité physiologique de la race humaine. Mais au-delà de ce point aveugle biologique, ne construisons-nous pas d’autres points aveugles pour ignorer et occulter tout ce que nous ne voulons pas voir ?
Que cherchons-nous à éclipser à notre regard ? Qu’avons-nous du mal à regarder en face ? Et pourquoi ? Sommes-nous tous pris d’une paresse immense ou d’un déni ?
Le vidéaste Youri Cayron et le photographe Romain Rivalan travaillent notre regard. Ils nous invitent à regarder dessous, à côté, derrière et au-delà pour interroger notre environnement et le rapport que nous entretenons, individuellement ou collectivement, à notre époque et ses enjeux. Leurs images, entre abstraction et figuration, soulignent ce que nous cherchons justement à contourner et mettre hors de notre vue.
Léna Durr expose ses photos au metaxu, l’occasion de les montrer aux jeunes collectionneurs du département, l’occasion de découvrir ses livres de collections.
« Les œuvres que je propose trouvent leur origine dans ma collection d’objets émanant de la culture populaire, qui témoigne non seulement de la dérive vers une société de consommation qu’elle subit depuis la deuxième guerre mondiale mais aussi de sa résistance. Je rends compte de celle-ci dans une série de livres d’artiste qui montrent, de façon ordonnée et exhaustive, les différents objets qui la constituent.
C’est dans ces collections que je puise l’essentiel des éléments qui contextualisent mes installations et mes mises en scène photographiques. Si l’on pourrait croire un instant à du reportage, on se rend vite compte que tout est factice. Ce sont des mises en scène où tout est pesé : les modèles et les lieux, qui ont fait l’objet de castings et de repérages, ainsi que les objets qui les entourent et qui les peuplent.
Ancré dans cette tension entre culture populaire et culture savante, entre cité et campagne, entre l’adolescence et l’âge adulte, c’est un travail qui se place en lisière; à la fois dans cet espace liminal des villes mais aussi en marge des cadres normatifs de la société actuelle. »
Un festival Vrrrr est depuis 6 ans, une expérience du temps du dessin. Dans une relation hors-norme avec le public, les dessinateurs transforment pendant 3 jours le musée de Toulon en un atelier géant. Une aventure suspendue, sauvage et contagieuse… Cette exposition est un échange avec tous les participants des précédentes éditions.
exposition du 29 Septembre au 21 Octobre 2017
Avant d’être un espace d’art associatif, ce qui est désormais le Metaxu était un des centre de gravité du marché noir des environs. C’était en quelque sorte le quartier de la pègre, jalonné de bars à entraîneuses. Ces murs étaient fréquentés par le tueur en série Roberto Succo, lequel avait commencé sa carrière en tuant père et mère.
L’histoire était trop belle pour Pierre Beloüin ne saisisse pas l’opportunité. A plus forte raison, l’artiste est lié d’une certaine affection pour Toulon, la ville dans laquelle il a fait une partie de sa formation.
Pierre Beloüin a souhaité faire revivre l’esprit des lieux et de leur passé trouble. Il s’est livré à un important travail d’investigation pour retrouver des documents liés aux événements qui se joués là. L’exposition Do You Really Want to Hurt Me ? réunit principalement des pièces totalement inédites.
C’est le cas de la série Submarines, consistant en six posters photographiques montrant la vie de militaires en mer et au port. Il refait également l’enseigne du bien nommé Bar d’enfer, lequel était assidument fréquenté par le tristement célèbre Roberto Succo.
Comme c’est régulièrement le cas pour l’artiste, l’exposition témoigne du goût de l’artiste pour la parodie. Le titre lui-même est parodique. Deux sculptures sont notamment marquées par une certaine ironie. Acid Bath est par exemple un aquarium d’acide, avec ses pierres en décomposition et ses éponges décoratives. Il rappelle les bassins dans lesquelles des victimes pouvaient finir, histoire de faire disparaître les corps dans l’espoir du crime parfait, mais cette fois à l’échelle domestique. Une nouvelle pièce, réalisation déjà centrale dans son œuvre, achève le tableau. L’artiste conçoit en effet une Fontaine de rhum. C’est un élément décoratif tels que ceux qui ornent les massifs et les points d’eau des propriétés kitsch, au détail près que le mécanisme pompe du rhum. Cette fontaine s’ajoute brillamment à celles qu’a connu l’art jusqu’ici.
Pierre Beloüin collabore aussi avec Jean-Loup Faurat d’Hifiklub pour l’installation Whimpers, une pièce sonore diffusée par le système de ventilation de la galerie. L’espace devient ainsi habité, comme fantomatique, faisant revivre la mémoire de la pègre qui sévissait là.
Deux pièces plus anciennes sont revisitées par l’artiste pour l’occasion, le Bas-Relief de cannettes de bière et une version inédite de Vague froide, plan séquence sur l’eau fendue par un bateau sur la méditerranée, au large de Toulon.
Leur exposition, entre dessin et installation, nous plonge dans un univers apparemment délicat, en lien avec les cabanes de notre enfance, les cachettes imaginaires où se déroulent/se sont déroulés nos rêves d’enfant…
Jérôme Souillot (toulouse) est plasticien, il dessine des rébus, des totems, des images d’Épinal, questionne le regard et joue avec notre capacité à reconnaître. Les traits invoquent les registres familiers de la bédé ou du dessin-animé mais fabriquent des ambiguités.
Bénédicte Thoraval (toulon) est artiste ; sa relation à la nature est primordiale ; elle observe de façon contemplative, presque méditative…Entre l’observation et le dessin, beaucoup de perte, comme dans la pratique du Haïku, ces petits poèmes visant à célébrer l’évanescance des choses.