Vrrraiment! l'exposition 2022 - Exposition Collective
Anne Touquet, Clémentine Post, Frédéric Fleury, Louis Clais, Nicolas Chapelle, OPUR, Sidonie Bilger
Exposition Collective sur la 11°ème édition du Festival Vrrraiment!
Les 21, 22, 23 octobre 2022, le metaxu organise la onzième édition du festival Vrrraiment! 7 artistes venus de toute la France, transforment l’espace public. Sur la Place du Gobe une montagne factice accueille les dessins des artistes, comme un support géant pour les oeuvres. Le Mont VRRR surplombe la Place du Globe le temps d'un week-end d’improvisation collective unique au croisement de l’art graphique, de la musique et de la performance.
L'exposition du Vrrraiment! 2022, retrace les créations prolifiques et spontanées des dessinateurs, autour des parties du mont VRRR reconstruite dans la galerie du metaxu.
Axelle Rossini, Benoit Bottex, Cassandra Felgueiras, Clara Segura,
Hildegarde Laszak, Julie Lavigne, Léandrine Damien, Lisa Jacomen,
Lola Querci, Lucas Irad, Pauline Leonet, Pauline Testi, Quentin Nishi,
Sandy Ott, Simon de la Porte, Thomas Bissière, Virginie Sanna, Zagros Mehrkian
Paysage symbolique de souvenirs fantasmés ou altérés, éclaté puis reconstruit, le parcours de cette exposition est le fruit du travail d’accrochage collectif de jeunes artistes de la scène toulonnaise et varoise. Un parcours d’exposition où le dialogue entre chaque œuvre fait résonner les générations et l’altérité.
Si on parle de « Rouvrir le monde », il s’agit de le voir de l’intérieur et de l’extérieur. Entre les deux, une fermeture ou une brèche. À la frontière nous sommes invités à un geste épique vers la création d’un récit universel. Si ce n’est celui d’un héros prêt à sauver l’humanité de l’austérité, ce pourrait être la simple rencontre entre l’extérieur et l’intérieur de ce monde, voire la découverte de plusieurs mondes : un écosystème en train de se lier.
metaxu n’est pas sans pluralité. Il est cet espace de passage qui nous attire sans cesse de l’autre côté, nous appelle à franchir les regards, sillonner les points de vue, traverser les mondes. Un artist-run space sur le chemin de nombreuses personnes et d’une grande diversité de pratiques. Venus de près ou de loin, des centaines d’esthétiques mutantes et concepts vivants s’y croisent et s’y retrouvent satellisés.
Dix-huit d’entre eux ont été appelés à faire voyager leur recherche personnelle en immersion dans un nouveau lieu du territoire et à participer à sa vie culturelle. Des ateliers de sensibilisation dans un centre aéré, une maison de retraite, une crèche, ou une école, durant l’été culturel 2022. Prendre ses marques, proposer, se réadapter vite, transmettre, s’émerveiller ensemble et laisser son empreinte. Deux semaines à vivre ces expériences communes, mais pourtant si singulières pour finalement, se laisser traverser par les mondes.
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Maureen Gontier
Lorsqu’en 1969, Neil Armstrong posait son pied sur la lune en disant « one step for a man, a giant leap for mankind », il était suivi par des millions de personnes depuis leurs écrans de télévision. Cet événement a été le point culminant de la course à l’espace entre les États-Unis et l’Union soviétique, déclenchée par le discours du président Kennedy « We choose to go to the moon » sept ans plus tôt. Les pas d’un autre homme, arrivé quelques jours plus tôt à Kennedy Space Center avec un groupe de 500 manifestants, principalement afro-américains, pour protester contre le programme spatial Apollo, sont passés presque inaperçus.
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Ralph Abernathy, leader des droits civiques et proche allié de Martin Luther King assassiné l’année précédente, n’était pas d’accord avec les énormes sommes d’argent dépensées pour envoyer l’humanité sur la lune, alors que des millions de citoyens noirs américains vivaient encore dans une extrême injustice sociale. Symboliquement, la manifestation était accompagnée de deux mules et d’un chariot en bois pour illustrer le contraste entre les fusées brillantes exposées sur le site du port spatial. « Hungry Kid’s Can’t Eat Moon Rocks » (Les enfants affamés ne peuvent pas manger les roches lunaires) disait une pancarte de protestation, « Billion$ for space, pennies for the hungry » (Des milliard de dollars pour l’espace, des centimes pour les affamés) disait une autre.
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Le poète de jazz et de soul Gil Scott Heron dira plus tard : « I can’t pay no doctor bill. (but Whitey’s on the moon) Ten years from now I’ll be payin’ still. (while Whitey’s on the moon) [...] Was all that money I made las’ year (for Whitey on the moon?) How come there ain’t no money here? (Hm! Whitey’s on the moon) » (Je ne peux pas payer la facture du médecin. Mais Whitey est sur la lune. Dans dix ans, je paierai encore. Alors que Whitey est sur la lune [...] Tout cet argent que j’ai gagné l’année dernière, pour Whitey sur la lune ? Comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’argent ici ? Hm ! Whitey est sur la lune).
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Mais les utopies spatiales des années 1970 ne voulaient pas s’arrêter à la lune, certains de leurs plus fervents apôtres envisageaient déjà rien de moins que la grande émigration de l’humanité dans l’espace. Lors d’une audition du Committee on Science and Technology de la United States House of Representatives en juillet 1975, Gerard K. O’Neill exposait son plan grandiose des « Space Colonies », d’immenses stations spatiales dotées d’une gravité artificielle et d’écosystèmes pouvant accueillir des dizaines de milliers de personnes. O’Neill, un physicien renommé connu jusqu’alors pour avoir co-développé les accélérateurs de particules, présentait son plan comme étant rien de moins que le remède à l’humanité et la solution à la plupart de ses problèmes. «Une énergie inépuisable et bon marché » à l’aide d’immenses capteurs solaires spatiaux, « Des territoires nouveaux, sans bornes » dans l’espace virtuellement illimité et « Une réserve inépuisable de matière première, exploitable sans spoliation, sans meurtre, et sans pollution ». La Terre devrait donc, après un exode réussi, être déclarée parc national et laissée en grande partie à elle-même. Les problèmes d’injustice sociale se résoudraient d’eux-mêmes grâce à ce nouveau départ interstellaire.
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C’est sur la toile de fond de ces utopies historiques et de leurs versions contemporaines d’entrepreneurs privés américains du secteur spatial que l’artiste Stefan Eichhorn présente son exposition « La grande évasion » dans la galerie metaxu à Toulon. Il y montre comment les grandes idées, d’hier comme d’aujourd’hui, permettent de détourner l’attention de problèmes encore plus grands et comment la réalité se confond parfois avec la fiction. Outre des travaux essentiellement sculpturaux, il a développé une installation spécifique in situ, créée pour la galerie.
L’image est au centre de l’œuvre de Pascal Navarro, à travers elle, bien plus que la représentation c’est le temps qui est souvent mis en question. Les conditions d’apparition et surtout de disparition des images donnent à lire son intérêt pour le travail du souvenir. Dès lors, qu’elles s’impriment à la faveur d’une solarisation sur papier, qu’elles se révèlent lors d’un moment fugace, ou qu’elles se composent dans la lenteur d’un geste mille fois répété, les œuvres de Pascal Navarro portent invariablement en elles leurs propres durées. L’effacement progressif de la représentation, ou sa mise en œuvre processuelle, propose au spectateur une expérience visuelle évolutive. On retrouve cette dimension dans certaines sculptures qui figurent des objets figés, pétrifiés à la suite d’un long processus de sédimentation. Celles-ci, pour résister à l’érosion du temps, à leur disparition, semblent paradoxalement avoir fait le choix de se dégager du vivant.
(Paul de Sorbier)
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À l'occasion de l'exposition Mourir en robe de mariée, l'espace du Metaxu évoque celui d'une maison qui aurait été vidée de tout objet physique, mais dont les surfaces conserveraient la trace d'un récit. Ainsi, Marcher sur la montagne se compose du linoléum d'une cuisine, au verso duquel, sous les pas quotidiens d'un couple durant quarante années, les pages de journaux se sont imprimées. Un vieux tourne-disque en égrenne les titres.
Dans une deuxième salle, un cube en noyer, siège au centre. L'objet est en réalité une armoire – reçue en cadeau de mariage par la mère de l'artiste, et conçue par son grand-père – découpée et réassemblée avec l'aide d'un ébéniste, de manière à occuper l'espace le plus compact possible. (Un autre élément de la chambre, le lit, sculpture figurant dans la collection du Frac PACA, est présenté à la Design Parade, dans l'ancien Évêché de Toulon).
Sur les murs, des images, issues des archives photos d'une famille inconnue conservée
par Pascal Navarro s'enfouissent progressivement pendant la durée de l'exposition. L'encre aquarelle qui les compose résiste un temps au blanc pourtant opaque qui les recouvre selon une périodicité bien précise, par un phénomène de capillarité bien connu. Peu à peu, l'espace hanté de la galerie redeviendra white cube, instaurant la durée de l'exposition comme un compte à rebours.